PROMENADE NILOTIQUE

PROMENADE NILOTIQUE



(avril 2024)

(Toutes les photos peuvent être agrandies. Il suffit de cliquer sur une galerie de photos pour avoir un diaporama en plein écran, et de faire clic droit -> Ouvrir l'image dans un nouvel onglet pour les photos postées indépendamment des galeries.)

Bêtises préliminaires

Lisant Mort sur le Nil sur le Nil.

À l'entrée du Temple d'Horus à Edfou, en tenue de supporter d'Horus dans son match retour victorieux contre Set.

(Photo de Mireille Legros)

Au musée de la place Tahrir, lisant Le Roman de la momie,

vêtu de La Momie, en compagnie d'une momie.

(Photo de Mireille Legros)

Au musée de la place Tahrir, lisant un bout du Livre des morts devant un bout du Livre des morts.

(Photo de Mireille Legros)

Enfin, un de mes très rares selfies avait été réalisé devant la pyramide de Nicolas Cage au Cimetière Saint-Louis N°1 à la Nouvelle-Orléans, le 27 juillet 2022:

Pour plus sur ce périple-là, voir bien sûr ma "promenade musicale" intitulée "Dix jours d'un concert à l'autre à la Nouvelle-Orléans", parue dans la revue Miranda.

... et j'ai tenté un vague remake devant la pyramide de Mykérinos sur le plateau de Gizeh:


10 avril

Le temple ptolémaïque d'Horus, à Edfou, près d'Assouan, en Haute-Égypte, fut la première étape de ce périple au long du Nil, sur un navire de croisière appelé Nile Capital. Cette visite, comme toutes celles qu'on allait faire en Haute-Égypte, se fit sous la direction d'un guide affable, drôle et captivant, métisse arabe et nubien, ancien boxeur et footballeur, du nom d'Amr (prononcé Amrou).

Mythologiquement, c'est là que le dieu-faucon fait sa fête à son oncle Set, pour venger Osiris, père défunt d'Horus et frère de Set que ce dernier a découpé en morceaux.


La conception "classique" du temple, avec sa cour ouverte à tous suivie d'une salle à colonnes dite "salle hypostyle" pour les nobles et d'un sanctuaire où n'entraient que les prêtres et le pharaon, donne l'occasion au guide de nous initier à l'architecture religieuse de l'Égypte antique.

See page for author, CC BY 4.0, via Wikimedia Commons

Pour conclure sur Edfou, une petite photo de famille/groupe:

(Photo d'une passante serviable)

Après la pause de midi, le bateau nous a conduits jusqu'au pied du temple de Kom Ombo, construction de la même période que celui d'Edfou, très comparable dans sa structure, si ce n'est que c'est un double temple, dédié à la fois au dieu crocodile Sobek et à Haroëris (un avatar d'Horus dont le nom signifie "Horus l'Ancien"/"Horus l'Aîné").

On a aussi eu l'occasion d'admirer le "nilomètre" du temple de Kom Ombo, qui servait à mesurer/prévoir les crues et décrues du Nil:

Enfin, parce que le temple est dédié à Sobek, on y trouve un insolite "musée du crocodile" où l'on peut observer de nombreux crocodiles du Nil momifiés:

(Photos de Cecilia Camus)


11 avril

Le lendemain, on a visité Philæ et on est passé à côté d'Éléphantine. Programme d'autant plus réjouissant de par l'amusante coïncidence: la veille, dans ma lecture post-Kom Ombo, Linnet et Simon Doyle faisaient justement semblant d'aller visiter Philæ pour tenter de semer Jacqueline de Bellefort, et Hercule Poirot visitait vraiment Éléphantine. En outre, tout ce beau monde a, dans cette partie du bouquin, son camp de base à l'hôtel Old Cataract, qu'on a aussi vu passer dans notre champ de vision pendant les allées et venues de la journée.


"Visiter Philæ", aujourd'hui, c'est en fait visiter un magnifique temple de l'époque gréco-romaine, dédié à Isis, et situé sur l'île d'Aguilkia. Il se trouvait à l'origine sur l'île de Philæ (et c'est là que Linnet et Simon Doyle prétendent aller dans le bouquin), mais celle-ci a été engloutie par le lac de retenue du haut barrage d'Assouan dans les années 1970, et, entre-temps, le temple a été sauvé en étant entièrement démonté et remonté à l'identique sur Aguilkia.


La très bonne condition de conservation du temple, le contexte insulaire, encerclé par le ciel clair et les eaux paisibles du lac, ainsi que l'ébahissement à l'idée de l'incroyable logistique du sauvetage de la structure, contribuent à donner à la visite une ambiance magique.

(Photos de Cecilia Camus)

Ça, c'était donc la visite du matin. Un bateau à moteur (comme celui en photo ci-dessous) nous avait conduits à Philæ puis nous a reconduits au bus qui nous a reconduits au Nile Capital pour le déjeuner...

(Photo de Cecilia Camus)

... non sans s'arrêter au préalable dans deux magasins d'Assouan, où on nous a fait l'article (l'un vendait des huiles essentielles, l'autre des épices), et ça me donne l'occasion de montrer quelques aperçus des rues d'Assouan, vues du bus (dont la façade du magasin d'épices, et les quais remplis de marchands où on avait pris le bateau le matin):

(Photos de Cecilia Camus)


L'après-midi, c'est ensuite une felouque que nous prîmes pour un tour rapide et pittoresque des sites insulaires ou côtiers autour d'Assouan.

Felouques vues d'une felouque.

Felouque un peu comme la nôtre, vue de la nôtre. (Photo de Cecilia Camus)

Famille Camus voguant sur les flots.


(Photos de Mireille Legros)

Champs, forêts, montagnes, désert: l'Égypte ou le paysage tout-en-un.

C'est là qu'on a pu apercevoir les deux autres sites (à part Philæ) mentionnés la veille par Agatha Christie:

L'hôtel Old Cataract (nommé d'après la première cataracte (Les cataractes du Nil étant quatre rapides où la navigation est plus difficile, et la première, près d'Assouan, est la seule qui se trouve en Égypte. Les trois autres sont au Soudan.) Outre Christie qui y aurait commencé Mort sur le Nil (et donc ses persos qui y sont aussi au début), Amr a mis un point d'honneur à nous rappeler que c'était aussi l'hôtel où descendait François Mitterrand.


(1ère photo de Cecilia Camus, 2ème de Mireille Legros

L'île Éléphantine, dont le nom a inspiré plusieurs théories, sur son origine (son nom antique a trait aux éléphants et à l'ivoire, sa forme générale, sur la carte, ferait penser à celle d'une défense d'éléphant...)...


(Photo de Cecilia Camus)

... mais d'après le guide la raison serait ce rocher, qui, selon lui, fait penser à un éléphant... Allez savoir.


(Photo de Cecilia Camus)

Et, au passage, on y a aussi vu (de très loin) le mausolée de l'Aga Khan III (1877-1957), imam ismaélien (une rare communauté chiite d'Égypte):

(Photo de Cecilia Camus)

Et tout ça en musique, puisque le coin grouille de chanteurs, qu'il s'agisse des jeunes qui flottent jusqu'aux felouques de touristes sur des planches de surf, puis s'y accrochent pour faire la sérénade aux passagers (donnant ainsi un nouveau sens inédit à l'expression "surf music"), ou d'un membre de l'équipage qui y va aussi de ses vocalises en s'accompagnant d'un tambour sur cadre. Plus ou moins la même playlist, d'un interprète à l'autre: "Alouette", "Il était un petit navire", "La Macarena" et "Waka Waka (This Time for Africa)", même si le membre d'équipage y ajoute aussi un chant local en arabe (avant de clôturer son tour de chant par un retentissant: "Ça roule, ma bloule?!")

(Captures d'écran à partir de vidéos filmées par Mireille Legros)

On a ensuite abordé sur l'île de Kitchener pour une brève déambulation dans le jardin botanique d'Assouan...

(Photos de Mireille Legros)

... puis sur une autre île, Sohail ou Éléphantine (Amr n'a pas précisé) pour un petit tour à travers un village traditionnel nubien:

(Première et dernière photos de Cecilia Camus. La dernière est une photo de l'école.)

(Photos by Cecilia Camus)

(Photos by Mireille Legros)

Une belle vue panoramique d'Assouan depuis une colline élevée au-dessus du village.

Dans une maison du village, portrait de ma mère comme si j'étais Google Maps

Sur la colline, portrait de famille sur un tuk-tuk (mon expression faciale donne une bonne idée de mon sentiment sur ce moyen de transport).


(Photo de Mireille Legros)

12 avril


ABOU SIMBEL !!



Là aussi, c'est le soir précédent, donc la veille de notre visite du temple que Ramsès II s'est dédié à lui-même, qu'Hercule Poirot et ses compagnons de croisière du bateau Karnak ont visité le même temple, avec une première mystérieuse tentative de meurtre à la clé.


Départ à quatre heures du mat' (il y a trois heures de bus), pause à mi-chemin pour un petit déjeuner dans le désert:

(Photos de Cecilia Camus)

...puis le bus a continué à nous rapprocher inexorablement de la frontière soudanaise, avant de bifurquer vers le lac Nasser une soixante-dizaine de kilomètres avant de changer de pays (mais de rester en Nubie!), et c'est ainsi qu'on a fini par se retrouver au pied des quatre fameux Ramsès géants qui veillent à l'entrée du temple d'Abou Simbel, colossale construction creusée à même la roche de la colline de Méha, et (comme le temple de Philae) entièrement démontée et reconstruite, dans les années 1960, pour la mettre à l'abri de la montée des eaux du lac Nasser à la suite de l'édification du haut barrage d'Assouan. 

...et comme ça j'ai eu l'occasion de m'asseoir un peu avec eux, mais ils n'étaient pas très causants:

(Photo de Mireille Legros)

L'intérieur du temple ne manque pas non plus de statues de Ramsès II, cette fois-ci debout en pose dite "osiriaque", avec ses deux sceptres, nekhekh (ou "fouet" — interprété comme un chasse-mouche par certains égyptologues) et heka (censé évoquer un bâton de berger), croisés devant sa poitrine:

On y trouve aussi des bas-reliefs également à la gloire de Ramsès II (forcément, c'est son temple, fait par lui, pour lui, et même avec lui). Ainsi de la bataille de Qadesh (Syrie, 1274 AEC), que l'animateur anglais Greg Jenner a qualifié, dans le podcast historique BBC You're Dead to Me, de première "fake news" de l'histoire (dans le sens où Ramsès a perdu cette bataille contre les Hittites, mais a convaincu le peuple égyptien qu'il l'avait gagnée triomphalement) (dans la bouche de notre guide, c'est plutôt: il l'a gagnée triomphalement, mais les Syriens prétendent qu'il l'a perdue):

(Photo de Mireille Legros)


Un autre "événément" mis à l'honneur sur un mur du temple est le couronnement de Ramsès, fortement mythologisé puisque c'est les dieux Horus et Set qui procèdent à la cérémonie (Pourquoi le maléfique oncle Set, assassin d'Osiris, dieu du désert et du chaos? D'après Amr, c'était façon de nettoyer la symbolique autour d'un dieu auquel le père de Ramsès II, Séthi Ier, avait mine de rien été voué de par son nom (Séthi, qui signifie "fidèle à Set")):

(Photo de Cecilia Camus)


Du coup, puisque le prestigieux dieu pharaon Horus est de la partie, pour le couronnement, on imagine bien que nombre de colonnes de la salle hypostyle lui sont consacrées, mais il y en a aussi un certain nombre qui figurent l'épouse d'Horus, la déesse Hathor — ainsi, comme le système symbolique du temple suggère qu'Horus parraine directement Ramsès, la même chose est suggérée concernant Hathor et l'épouse de Ramsès, Nefertari:

(Photos de Cecilia Camus) (sauf la dernière, en plan large: photo de Mireille Legros)

Les nombreuses petites salles attenantes à la salle hypostyle foisonnent de bas-reliefs répétitifs figurant Ramsès II présentant des offrandes au dieu Horus (puisque l'idée de ce temple, outre le fait d'exalter Ramsès en tant que chef militaire et de lui donner le statut de dieu lui-même, était aussi pour lui de s'accaparer la fonction de prêtre):

(Cette photo-là est de Cecilia Camus)


Quant au sanctuaire, il contient, là encore, quatre statues de Ramsès II, assises de nouveau, comme sur la monumentale façade, mais dans une ambiance moins épique, plus méditative:

(Photo de Cecilia Camus)

Vue de l'entrée du sanctuaire (Photo de Mireille Legros)



À côté de son temple, Ramsès II en a aussi fait ériger un à Nefertari, la proclamant donc déesse comme il s'est proclamé dieu. (Là aussi, creusé dans la roche, à l'origine dans la colline d'Ibshek, mais lui aussi déplacé pour échapper à la submersion par le lac Nasser).


Il est notable toutefois que ce temple est nettement plus petit, et que même l'entrée n'est ornée que de deux statues de Nefertari, et quatre de Ramsès! 🙄


Du coup, petite conversation avec Ramsès, en mode: "Ramsès, t'es lourd."

(Photo de Mireille Legros)

Je suis parvenu à lui faire entendre raison (un peu), et la petite salle hypostyle s'est ainsi révélée tourner vraiment beaucoup plus autour de Nefertari, assimilée à Hathor par de nombreuses représentations de la déesse, et notamment par le fait que les colonnes sont systématiquement des "colonnes hathoriques", dont le chapiteau est orné du visage d'Hathor, reconnaissable à ses oreilles de vache.

On n'a apparemment pas de photos du sanctuaire de Nefertari. Les miennes sont plus floues que si mon appareil photo avait pris une cuite avec Ramsès, et mes compagnes de voyage n'ont pas l'air d'en avoir pris. Par contre, voici quelques jolies photos du lac Nasser et de ses abords (puisqu'on était, précisément, sur ses abords):


Interlude nautique

Comme l'après-midi du 12 avril et l'intégralité du 13 furent passés exclusivement à naviguer d'Assouan vers Louxor, c'est le bon moment pour placer quelques aperçus du Nile Capital, le bateau qui fut notre maison flottante pendant sept jours (du 9 au 15 avril) — même si ces photos ont été prises d'autres jours que le 12 et le 13.


D'abord, vu de l'extérieur, à quoi ressemble-t-il? Eh bien il n'est pas évident de le prendre, car les bateaux de croisière du Nil accostent toujours en enfilade, si bien que, pour monter sur le sien, on passe généralement par les autres. Sur la seule photo qu'on a, il est derrière les autres, donc on ne le voit pas vraiment, mais ils ont tous un peu une tête comme celui qu'on voit devant, quoi:

(Photo de Mireille Legros)



Maintenant, voilà à quoi ressemble le pont supérieur ou pont solarium:

Version Cecilia Camus:

Version Mireille Legros:



Vues des berges du Nil depuis les fauteuils confortables des ponts intérieurs:



Le bar (avec un aperçu de l'escalier du hall d'entrée):

(Photos de Mireille Legros)

... et la version "soirée danses et chants nubiens" (Photo de Cecilia Camus)

L'entrée du restaurant (pendant la "soirée orientale" — les autres jours, les serveurs qu'on voit là étaient en costards...)

(... ou en uniformes de cuistots...)

(Photos de Cecilia Camus)



Enfin, les chambres (quatre photos de moi, puis deux de Cecilia Camus, puis une de Mireille Legros):

... avec notamment un aperçu de la créativité du personnel qui les nettoyait (première et dernière photos de Cecilia Camus; les autres sont de Mireille Legros):


14 avril



Journée extrêêêêêmement riche à Louxor (donc sur le site de l'ancienne capitale pharaonique de Thèbes).


On commence par la visite de trois tombes de la Vallée des Rois.


Avant ça, on aura eu droit à une petite introduction générale par Amr devant l'entrée de la tombe de Ramsès VII (la première tombe découverte dans la Vallée), même si on n'entrera pas dans cette tombe-là (et le guide ne nous accompagnera ensuite dans aucune des tombes — apparemment, ils n'ont pas le droit (lui prétend que c'est parce que les pharaons morts et leurs potes les dieux n'aiment pas trop les guides; peut-être que c'est plus parce qu'on manque singulièrement de place dans les tombes, et qu'il y a beaucoup de gens, et que le genre d'attroupements autour des guides qu'on fait sans problème dans les temples serait un peu plus gênant dans ce cas-là)).

(Photo de Cecilia Camus)

Lorsqu'on entre ensuite dans les tombes de Ramsès IX et de Ramsès III, c'est l'émerveillement. L'univers graphique évocateur qu'on a déjà pu contempler sur les murs des temples, à base de tableaux gravés dans la pierre, où des figures iconiques s'activent sur des plans tapissés de hiéroglyphes, autant de formes d'images qui se complètent pour raconter sur deux modes visuels différents (celui de la représentation pour les tableaux eux-mêmes, celui d'un mélange étonnant de narration verbale et de symbolisme graphique pour les hiéroglyphes), tout cela prend vie (paradoxalement) sur les murs des tombes, parce que dans cet espace souterrain et confiné, les couleurs éclatantes dont ces décorations sacrées étaient parées à leur naissance sont beaucoup mieux préservées. Et donc cet univers (ici complètement eschatologique, avec des suites hiéroglyphiques qui reproduisent des extraits du Livre des morts ou du Livre des cavernes, racontant le cheminement des défunts dans l'après-vie, et des tableaux qui représentent ce même cheminement) devient non plus gris comme la pierre, mais sublimement quadrichromique, comme une immense bande dessinée mystique qui envahit le moindre recoin des murs (et, du coup, nous entoure et nous enveloppe jusqu'au vertige).

(Photo de Mireille Legros)

(Photos de Mireille Legros)

Certains regardent passer les trains. Me voilà en train de regarder les barques solaires qui transportent les doubles éthériques (ou "ka") des morts à travers le Douât, à la rencontre des psychopompes (Thot, Anubis, Osiris, etc.) qui procéderont — et des 42 juges qui assisteront — à la psychostasie (la pesée du cœur du défunt).


(Photos de Mireille Legros)

(Photos de Mireille Legros)

Le reste de la Vallée des Rois nous est surtout apparu depuis le bus, même si on allait rester encore un peu, ce matin-là, dans la nécropole thébaine (qui s'étend sur la rive ouest du Nil en face de Louxor et comprend les vallées creusées de tombes (Vallées des Rois, des Reines, des Nobles et des Artisans) et un certain nombre de temples funéraires) et y revenir le lendemain pour en visiter d'autres coins.

(La deuxième série de photos est de Mireille Legros, et la dernière photo montre de vieilles maisons abandonnées construites du temps où les habitants de la région avait une maison au bord du Nil, et une maison dans la montagne où ils migraient pendant la crue du fleuve, pratique devenue moins nécessaire au fil des constructions de digues pour réguler les crues, et inutile après la construction du premier barrage d'Assouan au tournant du XXème siècle.)

On a enchaîné sur le "temple des millions d'années" de Ramsès III, à Médinet Habou (toujours dans la nécropole thébaine). Ce genre de temples consacrés aux pharaons divinisés qui les ont fait construire est souvent assimilé à des temples funéraires même s'ils n'étaient pas destinés à servir de sépultures. Donc, le temple de Médinet Habou est aussi fréquemment décrit comme "temple funéraire de Ramsès III".


Ce qui frappe, dans l'esthétique de ce temple, c'est les bas-reliefs en creux qui ornent ses murs: les scènes représentées, les hiéroglyphes qui les entourent, sont tous creusés très profondément dans la pierre, de sorte qu'on les voit très distinctement et de loin — et de sorte que les touristes d'aujourd'hui peuvent y enfoncer la main, ce qu'ils font souvent pour la photo (et ce qu'on n'a pas manqué de faire nous aussi). D'après le guide, la fameuse grève des ouvriers de Deir el-Médineh, le village des artisans qui construisaient les tombes et les temples funéraires de la nécropole (fameuse parce que première grève de l'histoire) serait survenue à cause des bas-reliefs en creux de ce temple, qui demandaient plus de travail qu'à l'accoutumée aux ouvriers, mécontents que Ramsès III n'augmentât pas en conséquence les rations alimentaires qui leur tenaient lieu de salaire (d'après le Grand Sage Wikipédia, la cause de la grève était plutôt des retards dans les rations alimentaires, sans rapport particulier avec le temple — mais effectivement pendant le règne de Ramsès III; s'il y a un aimable égyptologue dans la salle pour trancher entre Amr et Wiki...)


On peut noter aussi que les deux cours qui suivent l'entrée du temple sont extrêmement bien conservées, avec même des peintures intactes à plusieurs endroits, et que, par contre, les deux salles hypostyles et le sanctuaire sont presque entièrement détruites (sans doute par le grand tremblement de terre de l’an 27 AEC), ne laissant que des pieds de colonnes entre les murs d'enceinte.

(Photos de Mireille Legros)

(Photo de Cecilia Camus)

On nous a ensuite conduit dans un des ateliers de tailleurs de pierre qu'on trouve sur la rive ouest du Nil. Le guide laissait entendre qu'on était à la "Vallée des Artisans", mais on ne verrait les tombes et le village des artisans de la nécropole thébaine que le lendemain, donc je ne sais pas si on était tout près de ce site ou pas.

(Photos de Mireille Legros)

On nous a fait une petite démonstration du travail de l'albâtre...

(Photo de Mireille Legros)

... puis, inspiré par mon tee-shirt, un des vendeurs du magasin attenant a insisté pour me fourguer ce Thot en basalte:

En revenant en bus vers la rive est pour rejoindre le bateau et déjeuner, on s'est arrêté brièvement pour photographier les deux colosses qui se dressent à mi-chemin entre la nécropole et Louxor — dont l'un est appelé "Colosse de Memnon" depuis les auteurs de la Grèce antique, en hommage au guerrier troyen mythologique du même nom (calembour délibéré) — mais en réalité, les deux colosses représentent le pharaon Amenhotep III, et ornaient le parvis de son "temple des millions d'années", dont il ne reste pas grand-chose. Le colosse bousillé l'a été par le tremblement de terre de l'an 27 AEC.


Quelques aperçus de Louxor, dont les colosses:

(Photos de Mireille Legros)

(Photos de Cecilia Camus)

La première visite de l'après-midi est celle du gigantesque temple d'Amon-Râ, au cœur de l'immense complexe religieux de Karnak, sur la rive est du Nil (la rive de la ville, par opposition à la rive ouest qui est celle de la nécropole).


Commencé sous Amenhotep Ier puis étendu et enrichi par tous les pharaons suivants au fil des règnes successifs, le temple est devenu une dinguerie (de Ramsès II entre autres) avec plus d'1km² de superficie, et une grande salle hypostyle construite sous Séthi Ier, qui n'a plus de toit mais contient 134 colonnes (d'habitude, il y en a plutôt genre 12, dans les salles hypostyles de temples "normaux").


Pour commencer, voici l'entrée, à laquelle on accède par un dromos (une allée bordée de sphinx (en l'occurrence, des criosphinx, à corps de lion et tête de bélier) qui relie ce temple au temple de Louxor, qu'on verra dans la soirée (l'allée date de 3400 ans, et a été entièrement restaurée plus récemment (fin des travaux en 2021)). Outre les criosphinx, on voit, comme d'habitude, les vastes pylônes, ainsi que, dans ce cas, des colosses représentant Ramsès II (ô surprise) quand on passe les pylônes, et avant les pylônes, sur le côté, un petit monument musulman (je crois que c'est un mausolée, j'ai mal entendu quand le guide en parlait, et l'Internet a décidé de n'être d'aucune aide pour cette information, donc si vous savez, dites-moi).

Le temple contient aussi des obélisques au background historique intéressant. Des deux qu'on voit ci-dessous, l'un est le seul restant d'une paire d'obélisques érigés sous le règne de Thoutmôsis Ier, et l'autre (celui qui est à demi entouré d'un mur) est le seul restant d'une autre paire, créée sous le règne de sa fille Hatchepsout (qui après la mort de son époux et demi-frère, Thoutmôsis II, est devenue régente de son fils Thoutmôsis III, puis s'est faite couronner et proclamer pharaon, imposant ainsi un règne conjoint à Thoutmôsis III lorsque celui-ci a atteint sa majorité). Après la mort d'Hatchepsout, Thoutmôsis III a présidé à plusieurs campagnes de mutilation des monuments qu'elle a fait bâtir, façon d'essayer d'effacer son statut alors inédit et osé de "femme pharaon" (plutôt que de simple régente), et le mur construit autour de son obélisque à Karnak, pour le cacher, est l'une de ces tentatives de relégation entreprises par le rejeton macho et jaloux contre l'héritage de sa mère.


Les deux obélisques vu de la "salle" hypostyle:

L'obélisque de Thoutmôsis Ier:

L'obélisque d'Hatchepsout et son "mur d'enceinte":

... et assis non loin du mur, et de l'obélisque, voici le coupable de l'attentat architectural contre Hatchepsout, son fiston Thoutmôsis III:

Cela dit, Hatchepsout a eu sa petite revanche, non seulement parce que le mur éboulé depuis longtemps ne cache pas du tout son obélisque, mais aussi parce que son autre obélisque effondré a été remis en service en 2023. Il n'en restait que le haut, donc il est plus petit que les deux autres, mais il a été redressé juste à côté du lac sacré du temple (et du monolithe de granit surmonté du scarabé géant Khépri, artefact rescapé du temple des millions d'années d'Amenhotep III (le truc qui devrait s'élever autour des colosses de Memnon) et transféré à Karnak pour... essentiellement que des touristes superstitieux tournent autour, espérant que ça réalisera des souhaits (le nombre de tours dépendant du type de souhait: sept pour trouver l'amour, cinq ou six pour protéger ses proches, ou des choses comme ça)).

Et après les colonnes et les obélisques, comme le temple est gigantesque et semble être sans fin quand on l'arpente, il y a plein d'autres cours, chapelles et antichambres en ruines à explorer:

Derrière le premier pylône, il y a une grande cour bordée, comme l'allée qui mène au temple, de rangées de criosphinx (préférés aux androsphinx à tête humaine parce que le bélier est un animal symbolique associé à Amon-Râ, à qui le temple est dédié).

Enfin, clou du spectacle en ce qui me concerne, j'ai trouvé, à Karnak, le plus ancien smiley du monde:

Après Karnak, le guide nous fit faire une nouvelle pause consumériste, cette fois-ci dans un magasin où l'on fabrique et vend du papyrus. On eut droit à une démonstration brève mais intéressante de la fabrication de ce matériau, puis le harcèlement auquel se livrent systématiquement les commerçants égyptiens leur a permis de me vendre un papyrus où Horus et Hathor contemplent mon prénom en hiéroglyphes, inscrit à l'intérieur d'un cartouche (comme les noms de pharaons sur les murs des temples).

(Photos de Cecilia Camus sauf la troisième: photo de Mireille Legros)

On est aussi passé dans un magasin de bijoux, où les vendeurs, très exceptionnellement, foutaient la paix aux touristes, et où en plus je n'étais clairement pas la cible. Ils avaient un coin avec des bricoles pas précieuses et kitschouilles, donc je leur ai pris un magnet pour le frigo, absurde (Toutânkhamon, portant bizarrement son célèbre masque funéraire, y regarde sa maman Nefertiti, et entre eux il y a les pyramides de Gizeh alors que Toutânkhamon était enterré dans la Vallée des Rois, et que Nefertiti était reine du temps où la capitale était Thèbes, puis Amarna, pas du temps où c'était Memphis) mais d'autant plus rigolo.

Enfin, la journée s'est conclue avec la visite, au coucher du soleil, du temple de Louxor. Comme Karnak (même s'il est bien moins vaste), ce temple est dédié à Amon (sous son double aspect d'Amon-Râ le dieu solaire et d'Amon-Min le dieu ithyphallique), et est l'œuvre de plusieurs pharaons (les parties les plus anciennes datant d'Amenhotep III et de Ramsès II). Il y a des statues géantes de ces pharaons, dont, bien sûr, de Ramsès II. Il y a d'impressionnantes cours péristyles.


Il y a un obélisque devant l'entrée (à l'origine il y en avait deux, mais l'autre est à la Concorde, à Paris, ayant été offert au roi Charles X en 1830 par le souverain musulman Méhémet Ali (qui s'appelle en anglais "Muhammad Ali" comme le boxeur américain, donc les Égyptiens l'appellent en fait, en français, "Mohamed Ali" (ou "Mohamed Ali Pacha" pour le différencier du boxeur). En réalité, les deux obélisques avaient été offerts à Charles X, mais on n'en a finalement transporté qu'un seul en France. C'était suffisamment compliqué et fatiguant. Pas besoin d'un deuxième.


Il y a aussi une mosquée intégrée, à l'intérieur du temple: la mosquée Abou el Haggag, datant de 1244. Elle porte le nom d'un mystique soufi de l'époque, considéré comme un saint local. Sa sépulture s'y trouve d'ailleurs.


Le temple se situe à l'autre bout du dromos qui part de Karnak, et les pharaons célébrait le culte d'Amon (et de la "triade thébaine", composée d'Amon, de son épouse Mout, et de leur fils Khonsu (oui, le dieu de la série Marvel Moon Knight 😛)) en transportant une fois l'an la barque solaire d'Amon du sanctuaire de Karnak à celui du temple de Louxor, en empruntant le dromos. Cette procession est symbolisée aujourd'hui, par la reproduction de barque solaire exposée sur le dromos, face au temple.


L'intérêt de nous faire visiter cet édifice en soirée nous est vite apparu au fur et à mesure que le crépuscule s'installait: en effet, à ce moment de la journée, des lampes aux couleurs chaudes commencent à éclairer chaque recoin du temple, sa façade, et les androsphinx qui bordent le dromos, donnant à l'ensemble une aura fantastique qui est ma foi du plus bel effet.


Donc, pour les photos, on va faire trois chapitres:


1 - La mosquée

2 - Statues et colonnes

3 - Lumières crépusculaires sur la façade et le dromos

(Ces trois-là sont de Cecilia Camus)

(Photos de Mireille Legros)

(Photos de Mireille Legros)

(Photos de Cecilia Camus)


15 avril

Ce jour-là , on allait passer l'après-midi en transit vers le Caire (formalités aéroportuaires, vol (sur un Boeing, donc toute une dangereuse et terrifiante aventure en soi), attente du minibus pour l'hôtel, etc.).


Mais le matin, on est retourné dans la nécropole thébaine.


Premier arrêt: le temple funéraire d'Hatchepsout.


Malgré les importantes dégradations subies (voir plus bas), le temple est somptueux et sa structure extrêmement différente de tout ce qu'on a vu jusque-là. Entièrement en calcaire, pas de pylônes, une structure à degrés avec de vastes terrasses reliées par des volées de marche... Innovations de la part de l'architecte Sénènmout, ou au contraire liberté d'un temps antérieur à une fixation rigide des codes architecturaux religieux égyptiens? Pas vu assez de temples pour avoir une idée informée sur la question, mais en tout cas la pharaonne a un temple indubitablement classe.

Comme on n'avait pas d'hélicoptère ni de drone, je vais, une fois n'est pas coutume, faire appel à un photographe extérieur à notre groupe pour une vue d'ensemble qui paraît quand même indispensable pour prendre conscience de la beauté de cette structure:

Photo de Wouter Hagens, 3 février 2010. Voir Wikimedia Commons.

Les bas-reliefs (qui représentent, entre autres choses, l'installation du peuple égyptien sur les bords du Nil) sont à la fois suffisamment bien préservés pour qu'on trouve çà et là des traces de peinture intacte, et très abîmés, en partie par des dégradations volontaires. Ce n'est pas la première fois qu'on trouve, au cours de ce voyage, des murs de temples vandalisés de la sorte, et d'habitude, les salauds qui ont gratté les reliefs pour les effacer sont plutôt les chrétiens orthodoxes qui investissaient les temples pour en faire des églises ou des monastères, pendant la période byzantine. Là, c'est plutôt les partisans de Thoutmôsis III qui se sont attaqués au temple de "l'usurpatrice" après sa mort. C'est comme ça que le guide nous l'a expliqué, mais la pratique (de chercher à effacer la mémoire d'une personne réprouvée) est connue dans toute l'Antiquité, et dans l'Égypte antique Hatchepsout en a été une des victimes les plus notoires, avec Akhenaton et sa famille plus tard.

Hatchepsout a par contre son lot de statues osiriaques (coiffée du pschent (la double couronne symbolisant Haute et Basse Égypte réunies) et barbe postiche au menton (un autre attribut pharaonique)), au long des terrasses du temple. Elles ne sont ni aussi omniprésentes, ni aussi maousses que celles qu'affectionnait son lointain successeur Ramsès II, mais cette modestie (relative) est peut-être encore une autre façon d'être classe.

(Ça vient de mon portable. Je ne sais pas qui, de Cecilia Camus ou Mireille Legros, a pris la photo.)

(Photo de Mireille Legros)

(Photo de Cecilia Camus)

La veille, on a vu, avec les colosses de Memnon, à quoi ressemble un endroit où il y a eu un temple et il n'en reste presque plus rien. Là, à côté du temple d'Hatchepsout, on a pu découvrir à quoi ressemble un endroit où il y a eu une pyramide et où il n'en reste plus que des ruines éparses:


L'entrée du temple est gardée par deux androsphinx, dont un au visage peint de façon à être particulièrement expressif (selon le guide, comme si on avait cherché à donner l'impression qu'il est maquillé):

(Photo de Cecilia Camus)

Pour finir cette belle visite, quelques photos d'ensemble avec nous et le temple en fond:

(Je ne sais pas qui m'a pris. C'est avec mon portable.)












Photos de Mireille Legros) -->

Une fois bien éblouis, par le soleil autant que par la splendide création architecturale de Sénènmout, nous avons quitté Deir el-Bahari (la partie de la nécropole où voisinent le temple funéraire d'Hatchepsout, celui de son fils et sa némésis posthume Thoutmôsis III, et celui de leur très lointain prédécesseur Montouhotep Ier) pour nous diriger, en quelques minutes à bord d'un minibus, vers Deir el-Médineh, la vallée où se trouvent le village et les tombes des artisans qui ont construit les temples funéraires de la nécropole et creusé et décoré les tombes des Vallées des Rois, des Reines et des Nobles. (Les mêmes dont je parlais plus haut parce qu'ils ont fait la première grève de l'histoire, sous le règne de Ramsès III (et, d'après notre guide, pendant la construction du temple de Médinet Habou))


Donc, d'abord, pour récapituler un peu ces deux jours à Louxor et visualiser où était quoi, voici une petite carte:

Bon, maintenant, voilà (dans les photos ci-dessous) ce qu'il reste du village des artisans (sachant qu'ils vivaient en permanence dans la nécropole, là où se trouvaient tous les chantiers où ils travaillaient — et n'ayant pas le droit de traverser le Nil pour rejoindre la cité de Thèbes (Amr nous a présenté ça comme une ostracisation des habitants de la rive ouest, la rive pour les morts, par les résidents effrayés/dégoûtés/superstitieux de la rive est, celle des vivants; mais un site sur la question signale qu'il y avait quand même aussi une question de sécurité: les tombes royales étaient la cible constante des pilleurs de tombes, et les artisans de Deir el-Médineh avait la particularité de savoir où elles se trouvaient, et de pouvoir renseigner d'éventuels aspirants voleurs de la rive est)).

Les trois dernières photos, celles de la galerie, sont de Cecilia Camus)


Mais ce qui est sans doute le plus effarant, à Deir el-Médineh, c'est les tombes des artisans. Parce qu'entre deux chantiers où ils creusaient et décoraient celles des puissants, les travailleurs se sont aussi faits leurs propres tombes, un peu sur le même modèle que celles des pharaons, mais avec beaucoup moins de moyens et de temps, ce qui fait qu'elles sont bien plus petites, et qu'il est plus difficile, pour les explorateurs modernes que nous sommes, d'y circuler...

(D'abord, trois photos de Cecilia Camus, puis une de Mireille Legros)

... mais par contre, sur le plan artistique, les artisans de Deir el-Médineh n'ont pas ménagé leur peine pour se faire des "maisons éternelles" aux murs ornés de peintures qui n'ont pas grand-chose à envier à celles de leurs patrons. On peut même dire qu'après avoir été ébloui par le travail et la splendide préservation qu'on trouvait dans les tombes royales, on est peut-être encore plus pantois dans les tombes des artisans, où la préservation des peintures est encore plus parfaite, si bien que dans ces petits caveaux modestes on est enveloppé de couleurs éclatantes qui rendent autant justice à l'imaginaire mythologique vivace des anciens Égyptiens que les plus larges sépultures visitées la veille.


Voici donc les photos que j'ai prises dans les trois tombes qu'on peut visiter brièvement, celle du maçon Sennedjem (de l'époque de Séthi Ier), celle d'Inherka (chef des ouvriers sous Ramsès III et IV) et celle d'un troisième artisan du nom d'Amennakht:


Ainsi prit fin notre croisière en Haute-Égypte. Au revoir Amr. Au revoir le Nile Capital. Au revoir Assouan et Louxor, la Nubie et Thèbes. La suite et fin de notre séjour allait se dérouler, à la place, dans la mégalopole du Caire (car oui, je spoile dès maintenant: aucune pièce de notre Boeing n'est tombée en cours de vol, et nous sommes donc arrivés au Caire sans encombre).

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